Restauration : brutal recul de la fréquentation en ce début 2012

Les années se suivent et ne se ressemblent pas dans le secteur de la restauration

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Après une année 2011 plutôt bonne, selon les chiffres dévoilés récemment par le cabinet spécialisé Gira Conseil, le secteur de la restauration fait grise mine en 2012. Le recul du chiffre d'affaires oscille entre – 5 et – 8 % depuis le début de l'année selon les segments de marché.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas dans le secteur de la restauration. Et en effet, en 2011, le secteur de la CAHD (consommation alimentaire hors domicile) avait connu une véritable embellie avec un chiffre d'affaires à la hausse de + 4,7 % porté par une fréquentation en hausse de + 3 %. Mais l'arrivée de 2012 chasse les bons résultats de l'an passé.
Selon le premier bilan de l'année dévoilé le 20 juin par Gira Conseil, spécialiste marketing & développement de la restauration, 2012 débute mal. « Le 1er quadrimestre se solde par un recul du chiffre d'affaires de 5 à 8 % selon les segments de marché » constate l’étude de Gira Conseil. Dans le détail, « janvier et février ont eu du mal à redémarrer avec des niveaux d'activité oscillant entre + 1 % et – 2 % » souligne le cabinet spécialisé. En mars, les restaurateurs attestent d'un petit répit (+ 2 % à + 6 %), dû essentiellement à une météo plutôt favorable surtout pour la VAC (vente au comptoir), et dans une moindre mesure pour le SAT (service à table). Mais en avril et en mai, les chiffres d'affaires plongent, accusant un recul brutal de - 7 % à - 15 % à période comparable.


La faute au mauvais temps, aux élections et à la baisse du pouvoir d'achat

Si plusieurs raisons concourent à la baisse de l'activité de ces derniers mois, selon Gira Conseil « Le grand responsable de ce recul est la fréquentation qui à période comparable décroche fortement ».

Pourquoi les Français boudent-ils les restaurants ? Principalement parce qu'ils n'ont pas le moral ! Or, « la C.A.H.D (consommation alimentaire hors domicile) est depuis 2008 l'un des principaux budgets de manœuvre dans les dépenses des ménages » rappelle Gira Conseil. Face à un pouvoir d'achat en baisse, toutes les dépenses superflues sont réduites.
Et justement le restaurant reste encore en France largement associé aux loisirs... superflus ! Sachant que l'avenir est incertain, et que le chômage continue de grimper, le réflexe est plutôt à l'épargne au cas ou. Du coup, logiquement la fréquentation baisse. Cela expliquerait-il tout ? Certes non ! Les Français aiment toujours s'accorder une sortie de temps à autre au restaurant et la baisse de la fréquentation peut également s'expliquer par les conditions météo pour le moins très passables de ces derniers mois. L'autre raison évoquée par Gira Conseil tient à l'attentisme pré-électoral.


Une baisse des prix pour compenser

Sachant que le pouvoir d'achat en berne des ménages est le principal facteur de la moindre fréquentation, depuis le début de l'année, une grande partie des indépendants et des chaines en franchise font un gros effort sur les prix. Mais cette baisse du ticket moyen, principalement emmenée par la restauration rapide à emporter, ne pourrait-être une solution de long terme.

« Quel sera à terme l'impact sur les marges et cela suffira t-il à faire sortir hors du domicile et à faire dépenser les consommateurs ? », la question posée par Gira Conseil est dans l'immédiat encore en attente de réponse. Ce qui est sûr toutefois, c'est que cette tendance des prix à la baisse se généralise, dans le secteur de la restauration, mais aussi dans le secteur de la grande distribution alimentaire.

Ainsi, selon un sondage OpinionWay réalisé pour la marque Repère de Leclerc publié dernièrement dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, 7 sondés sur 10 déclarent dépenser moins de 6 euros par personne et par repas. La proportion grimpe même à 80 % lorsque le foyer compte des enfants. Clairement, aujourd'hui plus qu'hier, le prix devient le premier critère d'achat pour une majorité de Français, passant devant la qualité gustative des aliments.


Les réseaux en franchise font la différence

Sachant que désormais le prix est l'indicateur premier, les réseaux de restauration structurés ont l'avantage sur les indépendants. Et parmi eux, les enseignes de la restauration rapide gagnent des points sur celles développant des concepts de service à table.
Ainsi, et malgré la crise, les ouvertures s'enchaînent dans les réseaux. Les ambitions sont clairement à l'expansion comme notamment chez le géant Subway qui a dépassé les 350 points de vente en mai dernier, chez Baila Pizza avec 10 nouveaux restaurants programmés pour 2012, mais aussi au sein de la franchise La Boîte à Pizza qui entend ouvrir une vingtaine de points de vente dans le courant de l’année, chez Nooï qui vise les 100 établissements ouverts fin 2012, chez Speed Burger qui prévoit 10 ouvertures...

Les enseignes plus typées snacking ne sont pas en reste comme notamment La Croissanterie, qui devrait accueillir entre quinze et vingt nouveaux points de vente au cours de l’année 2012, mais aussi La Mie Câline qui prévoit une dizaine d'ouvertures cette année, ou encore le Fournil St-Nicolas qui prévoit aussi 15 nouveaux magasins en 2012. Selon l'étude Eurochains France 2012 publiée dernièrement par le cabinet spécialisé Gira Food Service, en 10 ans, le nombre d'unités en franchise est passé de 2 347 (38 % du parc des chaînes) à 5 174 (54% du parc des chaînes).

Dominique André-Chaigneau, Franchise Commerce©

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