Alimentation : Grand décalage entre l'offre et la demande !

Des enseignements pour des futurs concepts

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Alors que le SIAL s'apprête à ouvrir ses portes du 21 au 25 octobre prochain à Paris Nord Villepinte, Sial Innovation propose un décodage inédit des innovations et des tendances de consommation dans le monde réalisé en partenariat avec XTC world innovation et TNS SOFRES. Des conclusions particulièrement intéressantes pour façonner les nouveaux concepts de franchise dans le secteur de l'alimentation et de la restauration de demain.

À l’heure où la mondialisation uniformise les modes de vie, « la conception de l'alimentation demeure très différente selon les pays » constate l'étude TNS Sofres réalisée pour le SIAL. Et si quelques constantes comme l'alimentation saine facteur d'équilibre restent universelles (autour des 60 % pour l'ensemble des pays étudiés), d'autres perceptions semblent plus ancrées dans le patrimoine culturel de chaque pays.
Ainsi, la notion de plaisir qui récolte 60 % des suffrages en France, est loin d'être partagée par tous. Aux Etats-Unis ou en Russie par exemple, l'alimentation est plus considérée comme une nécessité. La notion de plaisir y récolte moins de 50 %. A l'inverse, en Chine, la notion de manger plaisir récolte 72 %, distancée par le manger sain qui récolte 84 % ! D'autres critères différencient nos cultures face à la nourriture comme notamment la recherche de diversité qui est associée au bien manger pour 6 consommateurs sur 10 en France, Allemagne, Espagne et Russie, alors qu'en Grande-Bretagne elle plafonne à 42 %, aux USA à 28 % et en Chine à 33 %. La notion de convivialité associée au bien manger est également différenciante puisqu'elle récolte environ 60 % des suffrages en France, en Allemagne et en Chine « mais ne trouve que peu d’écho dans les pays anglo-saxons et en Russie (moins d’un tiers des individus). » La singularité très française et allemande est à porter à la notion d'altruisme de la nourriture. Le faire plaisir aux autres n'inspire en effet que nos deux pays et aucun autre ! « Spécificité chinoise, l'association "bien manger, c'est manger pas cher" concerne 4 individus sur 10 dans l’Empire du milieu (contre 1 sur 5 dans les autres pays). »

L'étude TNS Sofres pointe en outre dans ses résultats d'enquête un vrai paradoxe : « Tous pays confondus, les consommateurs (à 80 %) jugent leurs habitudes alimentaires "bénéfiques à leur santé". Tout en estimant (à 60 %) "manger plus que nécessaire" ». Ce paradoxe comportemental est réaffirmé par quelques résultats curieux. En effet, dans l’ensemble des pays où a été menée l’étude, plus de 75 % des individus affirment « devoir surveiller ou faire attention à leur poids ». Un pourcentage qui grimpe à près de 90 % en Russie et en Chine. Le syndrome du trop manger touche naturellement plus spécialement les personnes obèses du panel (77 %), mais aussi et c'est plus inquiétant, 64 % des consommateurs et 35 % des individus en sous-poids.

La confiance dans les produits alimentaires reste bonne

Si, comme le note l'étude TNS Sofres, les différentes crises alimentaires ont laissé des traces dans l’esprit des consommateurs (1 individu sur 2 juge en effet "probable" le risque que les aliments ingérés nuisent à la santé), les consommateurs manifestent cependant une confiance élevée envers les produits alimentaires (84 %). Ce taux de confiance est toutefois très fluctuants (plus de 90 % des Espagnols, des Britanniques et des Américains, 85 % en France et en Allemagne, 80 % en Chine, et seulement 64 % en Russie). « Il apparaît également important de relever que 35 % des Russes et 50 % des Chinois déclarent avoir moins confiance qu’avant en leurs produits alimentaires. Un chiffre qui s’élève à 33 % en Allemagne et en France, preuve que si la confiance demeure, elle s’est cependant érodée au fil du temps. »

Comment se forge la confiance des consommateurs ? Essentiellement sur les valeurs intrinsèques des produits et notamment leur composition (55 %), leur origine/lieu de production (46 %) et les informations figurant sur l’emballage (45 %). L'aspect du produit et la présence d'un label de qualité ne rassurent que 40 % des individus. La marque quant à elle « en tant qu’élément de réassurance n’est citée que par 36 % des consommateurs tous pays confondus. » C'est en Russie, en Allemagne et en France qu’elle est le moins citée ! Enfin, les allégations portant sur la naturalité et le "sans" conservateurs, pesticides, colorants, arômes artificiels, OGM.. continuent d'être plébiscitées par les consommateurs à plus de 80 % pour les Français, les Espagnols, les Russes et les Chinois.

Un décalage entre l'offre et la demande

Comme vu précédemment, si les Français se distinguent par la recherche du plaisir (60 %) dans l'alimentation, ils sont aussi à la recherche de produits alimentaires santé (80 %). Or selon XTC world innovation, les industriels ont tendance à privilégier le plaisir à la santé. D'où un certain décalage entre l'offre et la demande notamment en matière d'innovations alimentaires... Ainsi, quand 52,5 % des innovations des industriels de l'alimentation dans le monde visent à satisfaire le plaisir du consommateur, leur proportion descend à 22,1 % pour la santé.
Dans le détail, les innovations plus spécialement étiquetées plaisir se concentrent essentiellement sur des produits capitalisant un bon rapport qualité/bénéfice. L'idée est en ces temps de crise, de pouvoir proposer des produits s'inscrivant dans une registre à la limite du luxe, mais à un prix raisonnable. On est là sur du « petit plaisir » sous formes de bouchées, qui change de l'ordinaire sans pour autant écorner le budget. Les innovations plus spécialement santé tournent quant à elles autour de deux axes prioritaires : la « naturalité » autrement dit la recherche de simplicité, de produits de saison ou de produits bio pour 11 % et le médical autrement dit la recherche de produits liés à la santé préventive ou curative ou aux allergies pour 10 %.

Selon XTC world innovation, ces axes santé sont encore trop souvent orientés vers le bio, ce qui ne correspond pas toujours aux attentes des consommateurs. La tendance irait plutôt vers des produits sains parce que simples dans leurs recettes (sans conservateurs, sans aspartames...). Une tendance qui se confirme en creux par le moindre intérêt porté par les consommateurs aux produits typés forme (minceur, bien-être, cosmétique...) qui restent pourtant porteurs de 7,4 % des innovations en 2011. Et en effet, si 75 % des consommateurs affirment devoir surveiller leur poids, selon XTC world innovation, les consommateurs ne croient plus aux produits "miracles" pour maigrir ! On revient là à l'intérêt de produits sains pour rester en forme...

Les autres axes majeurs des développements R&D des grands ténors de l'agro-alimentaire portent principalement sur la praticité des produits (15,8 % des innovations 2011). Dans ce registre, les principales pistes recherchées sont celles favorisant l'aspect pratique d'utilisation pour près de 10 %, mais aussi des produits permettant de gagner du temps (4,3 % des innovations) ou favorisant le nomadisme (1,6 % des innovations).

XTC world innovation note enfin parmi les axes émergents, les innovations utilisant les leviers éthiques (écologie, manger local, commerce équitable) qui ne représentent en 2011 que 2,3 % des innovations mais qui recueillent auprès des consommateurs un réel intérêt.

Quels enseignements pour la franchise ?

Les deux études croisées TNS-Sofres et XTC world innovation sont particulièrement intéressantes pour les créateurs de concepts en franchise dans l'alimentation/restauration, mais aussi beaucoup plus globalement. En effet, les tendances relevées dans l'alimentaire trouvent un certain écho dans les autres secteurs que sont notamment la forme et l'esthétique mais aussi par extension, l'habillement et la décoration/meuble.
Pourquoi ? En fait les ressorts d'intérêt sont les mêmes : le plaisir, la santé, le pratique, l'éthique. Les concepts à venir doivent tenir compte de ces besoins en déclinant des produits/services innovants adaptés. Déjà, de nombreux concepts ont adopté les codes des nouveaux comportements des consommateurs. En restauration notamment, les concepts déclinant des produits frais et naturellement diététiques, authentiques de terroir, et faciles à emporter sont en plein boom.

Dans le secteur de la forme et de l'amincissement aussi, les concepts sont en évolution. La tendance est à une prise en compte à la fois globale et hyper-personnalisée de chaque client, mêlant à la fois la diététique, l'exercice physique et les produits/services esthétiques. En parallèle se développent des nouveaux concepts plutôt orientés « petits plaisirs » comme ceux des centres de blanchiment des dents par exemple. Les concepts spécifiques de lutte contre les effets des allergies sont encore peu nombreux, mais ils commencent à poindre également notamment dans le secteur du traitement du bâtiment. On peut imaginer dans les prochaines années que la lutte contre les allergies pourrait voire l'apparition de nouveaux concepts spécifiques...

Dominique André-Chaigneau, Franchise Commerce©


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